Les espèces
Flore
Les landes de Monteneuf présentent une diversité floristique importante. Les inventaires et observations réalisés depuis les années 2000 ont répertorié un total de 399 espèces. Parmi cette liste relativement exhaustive, plusieurs espèces sont assez rares, à protéger, alors que d’autres sont plus communes. La diversité des conditions écologiques permet à des espèces remarquables de se développer, notamment dans les milieux très humides et les milieux très secs.
La végétation typique des landes est constituée de Bruyères, d’Ajoncs et de graminées particulièrement adaptés aux sols pauvres et aux taux d’humidité extrêmes.
Dans les milieux humides se retrouvent de petites plantes remarquables comme les Rossolis et les Grassettes qui sont carnivores, ou encore la Gentiane des marais, plantes dont l’Association les Landes assure le suivi scientifique.
La préservation de la Gentiane des marais est importante à la fois pour l’espèce elle-même mais aussi parce que sa préservation pourra peut-être permettre la réintroduction d’une espèce de papillon, l’Azuré des mouillères, qui n’a plus été observé à Monteneuf depuis quelques années. En effet, un cycle unique et surprenant existe entre la plante, le papillon et un autre insecte : la fourmi. Le papillon Azuré pond ses œufs sur la plante. Par la suite, les chenilles se nourrissent des ovaires de la fleur, pour ensuite être prises en charge par des fourmis qui vont les nourrir jusqu’à la mue en chrysalide.
Faune
En 2019, la Réserve des Landes de Monteneuf a fait appel au GRETIA (GRoupe d’ÉTudes des Invertébrés Armoricains) pour réaliser un inventaire sur les araignées et une étude sur les papillons patrimoniaux (pour préciser l’inventaire mené en 2006).
Papillons
Les papillons de jour (Rhopalocères) font aujourd’hui partie des groupes d’invertébrés les mieux connus en Bretagne tant en termes de répartition que d’écologie. Ils ont récemment fait l’objet de la publication d’un atlas régional qui résume les connaissances à leur sujet. La Réserve naturelle régionale des Landes de Monteneuf a déjà fait l’objet d’inventaires pour ce groupe taxonomique (Bretagne Vivante, 2006) et dispose donc d’une liste d’espèces présentes sur cet espace naturel. Parmi elles, plusieurs espèces patrimoniales ont été mises en évidence. Il s’agit en particulier du Faune (Hipparchia statilinus), de l’Azuré du Genêt (Plebejus idas), et de la Petite Violette (Boloria dia).
Nous avons souhaité avoir des informations plus précises sur la localisation de ces espèces au sein de la réserve, afin de pouvoir les prendre en compte dans la gestion des milieux naturels.
Au total, 23 espèces de papillons diurnes (Rhopalocères) ont été observées durant les trois journées de terrain. 37 espèces avaient été recensées durant l’étude de Bretagne Vivante (David et al., 2006). Trois nouvelles espèces viennent s’ajouter à cette liste, le Souci, espèce très commune, le Petit nacré, espèce migratrice dont la présence sur la réserve est peut-être temporaire et la Mélitée des Centaurées, une espèce qualifiée de peu commune dans l’atlas des papillons diurne de Bretagne. Les seules données de cette partie du Morbihan sont situées à Ploërmel et Campénéac (données issues de la base de données de Bretagne Vivante). Il s’agit donc d’une donnée intéressante.
Le Faune est une espèce qui fréquente exclusivement les landes sèches à affleurements rocheux. L’optimum de sa période de vol se situe en deuxième partie du mois d’août. Son habitat étant bien identifié et l’espèce assez visible, elle n’est généralement pas trop difficile à localiser. Il a été observé sur le site dans deux zones bien distinctes : autour de l’étang du Chaperon rouge (18 individus observés) et dans les landes du Petit Moulin (38 individus observés). A chaque fois, il s’agissait de secteurs ouverts, exposés au soleil et présentant des espaces nus de végétations avec présence de roches apparentes.
L’Azuré du Genêt est également landicole. Il est de plus lié à une espèce de fourmi, la Formica pratensis, seule fourmi-hôte identifiée en Bretagne jusqu’ici. Il ne s’éloigne guère des nids de cette dernière. Il donne deux générations par an, avec deux pics de vol se situant à la fin juin et fin août-début septembre. Du fait de sa grande localisation au sein de son habitat et de la petite taille de ses populations, il n’est pas toujours facile à localiser. Il n’a pas été revu durant cette étude. Le GRETIA considère que l’espèce n’est pas/plus présente sur le site.
La Petite Violette affectionne également les landes mais aussi les prairies maigres. Elle donne trois générations par an, ses pics de vols se situant en deuxième moitié d’avril, en deuxième moitié de juin et en deuxième moitié d’août. Seules deux stations ont été découvertes. La première se situe au bord de l’étang du Chaperon Rouge, sur une lande rase à ajoncs et Fougères aigle (10-15 individus ont été observés). La seconde station est située dans les prairies humides au sud de Quéhéon (1 individu).
Le GRETIA recommande de maintenir la gestion en cours sur les landes du Chaperon Rouge (roulage de la fougère) car il apparaît comme indispensable de maintenir ouverte cette petite lande, et le fait de coucher la fougère est certainement la meilleure action possible pour préserver l’habitat de la Petite violette. Pour le Faune, la gestion consistant à maintenir des zones ouvertes dans les landes sèches est également idéale en cas d’embroussaillement des affleurements rocheux qui sont les milieux principaux occupés par l’espèce.
Araignées
Qui sont-elles ?
Les araignées sont des Arachnides appartenant au phylum des Arthropodes. La classe des Arachnides comprend des animaux avec quatre paires de pattes et des chélicères. On y retrouve principalement, en ce qui concerne l’ouest de l’Europe, les araignées, les opilions (ou faucheux), les scorpions, les pseudoscorpions et enfin les acariens.
Combien sont-elles ?
On dénombre 41 familles d’araignées en France. Le nombre d’espèces dépasserait 1600 (Canard & Chansigaud, 1997) ! La Bretagne abrite, à l’heure actuelle, 634 espèces d’araignées (Courtial & Pétillon, 2016) et 739 dans le Massif armoricain (Courtial & Pétillon, 2014).
Où vivent-elles ?
Abondantes et réparties dans tous les écosystèmes terrestres, elles occupent tous les biotopes : des zones humides et systèmes halophiles aux déserts arides. Cependant, bien que possédant un système de respiration aérien, une espèce possède un mode de vie exclusivement aquatique : l’Argyronète aquatique (Argyroneta aquatica), espèce non présente sur la réserve.
Que mangent-elles ?
Les araignées sont des prédateurs carnivores exclusifs et sont considérées comme les plus importants prédateurs d’insectes dans la nature. Elles ont, par conséquent, un rôle significatif dans les écosystèmes. Les araignées sont des prédateurs d’insectes et d’arthropodes en général, elles développent différentes stratégies de chasse.
Comment chassent-elles ?
Du fait de la diversité de ces modes de chasse et leur capacité de résistance au manque d’eau, elles exploitent une grande diversité d’habitats et l’ensemble des strates de chaque milieu (de la litière à la canopée) ; elles s’agencent en fonction de la structure (hauteur et recouvrement) de la végétation et des microclimats qui en résultent. On identifie donc des groupes fonctionnels (ou guildes) utilisant en commun un mode de chasse identique (Canard, 1984). On distingue ainsi trois guildes : les araignées à toiles, les araignées d’affût et les araignées errantes.

L’inventaire des araignées de la réserve naturelle a été réalisé en 2019 par le GRETIA. Il en ressort que la richesse en araignées de la Réserve de Monteneuf est importante, avec 201 espèces d’araignées inventoriées au travers de 1573 individus collectés !
Plusieurs de ces espèces ont des modes de vie très exigeants, cependant, peu d’espèces rares à l’échelle de l’ouest de la France sont observées. Un peu plus du tiers des espèces sont caractéristiques de milieux humides et plusieurs sont intéressantes car elles sont strictement inféodées aux milieux humides des landes. Les zones sèches sont aussi d’un grand intérêt pour les araignées. Les variations d’humidité et de fermeture du milieu sont les facteurs clés de la répartition des différentes espèces.
Un certain nombre d’espèces revêt d’un intérêt particulier, à savoir :
- 13 espèces démontrant une préférence marquée pour un type d’habitat particulier (espèces sélectives)
- 8 espèces sont inféodées à un seul type d’habitat très précis et lié à des conditions particulières (spécialistes).
- Parmi elles, nous pouvons citer Pirulata uliginosa, une espèce typique des landes tourbeuses et tourbières. C’est une espèce rare dans le Massif Armoricain, qui serait une relique d’anciens milieux tourbeux présents historiquement sur la réserve naturelle.
Libellules
Dans l’état actuel des connaissances, la réserve naturelle abrite 20 espèces de demoiselles et libellules. Avec 54 espèces recensées en Bretagne, cela représente près de 38% de la richesse bretonne. Le peuplement d’Odonates comprend des espèces de milieux courants et milieux stagnants, globalement communes à l’exception de l’Agrion nain (Ischnura pumilio) et de la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), qui sont moins fréquentes !
Criquets et sauterelles
La réserve naturelle abrite 25 espèces de criquets, sauterelles et grillons. Avec 61 espèces recensées en Bretagne, cela représente près de 38% de la richesse bretonne. On rencontre des espèces aux exigences variées, mais certains sont spécifique aux landes comme la Decticelle des bruyères (Metrioptera brachyptera) ou encore le Criquet des Ajoncs (Chorthippus binotatus binotatus) sur les secteurs très secs.

Amphibiens
Huit espèces d’amphibiens ont été recensées sur la Réserve naturelle. Avec 16 espèces recensées en Bretagne, cela représente 50 % de la richesse bretonne. Groupe taxonomique très sensible, leur présence et leur abondance reflètent l’état de santé de leur environnement, qui forme un territoire où les amphibiens peuvent effectuer l’intégralité de leur cycle de vie : reproduction, estivage et hivernage.
Liste des espèces présentes dans la Réserve naturelle régionale des Landes de Monteneuf :
- la Salamandre tachetée
- le Triton palmé
- le Triton marbré
- la Rainette verte
- le Crapaud commun
- la Grenouille agile
- la Grenouille rousse
- la Grenouille verte







La création de pentes douces sur les berges permet de favoriser l’accueil des tritons, larves de salamandre, grenouilles et crapauds.
Les Amphibiens font partie des espèces dont le suivi scientifique est effectué régulièrement.
Reptiles
La réserve naturelle abrite un peuplement de Reptiles composé de sept espèces. Avec 12 espèces recensées en Bretagne, cela représente 58 % de la richesse bretonne. Les Landes de Monteneuf, avec ses nombreux affleurements rocheux exposés, sont favorables à ces espèces bien représentées sur le territoire. Toutes sont protégées par la loi ! N’oublions pas que les prédateurs que sont les reptiles jouent un rôle important dans l’équilibre de nos écosystèmes.
Oiseaux
Le peuplement d’oiseaux de la réserve naturelle est assez diversifié avec un total de 63 espèces recensées qu’elles soient nicheuses, hivernantes ou coloniales. La diversité du paysage, à la fois ouvert et fermé, permet la coexistence de nombreux oiseaux aux modes de vies variés.
La réserve naturelle présente des oiseaux caractéristiques des milieux de landes comme la Linotte mélodieuse (Carduelis cannabina) ou le Tarier pâtre (Saxicola rubicola). Dans les landes légèrement arborées ou en clairière il est possible de rencontrer l’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus), l’Alouette lulu (Lullula arborea), la Fauvette pitchou (Sylvia undata), le Bruant jaune (Emberiza citrinella), le Pipit des arbres (Anthus trivialis), ou encore le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus).
Le suivi scientifique des oiseaux est réalisé tous les ans sur la réserve.
Mammifères
La réserve naturelle abrite les mammifères ordinaires de Bretagne. Parmi ceux-ci, la moitié sont des chauves-souris avec 12 espèces inventoriées ; avec 23 espèces recensées en Bretagne, cela représente 52% de la richesse bretonne. Le site présente ainsi un certain intérêt pour les chauves-souris. Ces dernières trouvent dans la réserve naturelle des lieux calmes leur servant de gîtes estivaux (cavités naturelles), et des terrains de chasses étendus et diversifiés qui sont abondants en insectes, leur repas quotidien !